Gaza et le réveil brutal des dirigeants de l'Empire: le Boualem exige des réponses

Par Réda Allali

Il semblerait que le vent tourne, les amis. Zakaria Boualem, au moment où il avait perdu tout espoir en l’Occident et en son humanité, a été surpris de constater que, cette semaine, certaines voix se sont enfin élevées pour dire que, peut-être, même si on n’est pas vraiment sûrs, hein, faut pas se précipiter, oui, peut-être bien que la seule démocratie de la région et son armée la plus morale du monde y sont allés un peu fort, même si, bien sûr, ils ont le droit d’exister, de se défendre, et de prendre tout ce qui leur revient, on ne va pas contester ça non plus, on n’est pas fou.

Il est très difficile de déterminer ce qui a provoqué le brutal réveil des dirigeants de l’Empire, l’ignominie étant produite en flux continu depuis des mois. On parle bien d’un pays qui a bombardé des hôpitaux, massacré des journalistes, assassiné des enfants, brûlé des malades, pillé des maisons, menti jour et nuit en nous expliquant que des bébés avaient été brûlés ou que des jours de la semaine étaient terroristes (un calendrier saisi dans un hôpital de Gaza avait été brandi par Tsahal comme une liste de noms de membres du Hamas, rappelez-vous), défié la Cour pénale internationale, et enfin traité d’antisémites tous ceux qui grognaient. Leur palmarès épouvantable n’a pas commencé cette semaine, tout le monde le sait.

Le Boualem se demande pourquoi les dirigeants de l’Empire se décident enfin à critiquer un génocide qui se dessine depuis des mois ? Sont-ils fatigués de procéder à des contorsions morales ? Sentent-ils que cette affaire va se retourner contre eux ?

Réda Allali

Tout cela était possible pour une raison précise : ils sont les représentants du peuple des lumières, et occupent la ligne de front du combat contre la barbarie, même si ça ne saute pas aux yeux à première vue. Un de leurs penseurs les plus brillants a même eu le culot de déclarer cette semaine que “ce que les survivants de la Shoah demandent à la France, c’est un peu de compréhension pour Israël”, le genre de propos qui pousse à se poser la question sur la lucidité de celui qui les tient. Oui, nous avons assisté, les amis, à un improbable come-back de la période coloniale, avec son idéologie, ses méthodes, son discours, telle est la réalité.

Pourquoi donc, aujourd’hui, les dirigeants de l’Empire se réveillent et se décident enfin à critiquer un génocide et une opération d’épuration ethnique qui se dessinent depuis des mois ? Sont-ils fatigués de procéder à des contorsions morales ? Ou bien sentent-ils que cette affaire va se retourner contre eux ? Zakaria Boualem n’en sait rien. Peut-être que ce communiqué de l’ONU qui annonce que 14.000 enfants sont en danger de mort y est pour quelque chose, ce qui impliquerait la possibilité d’une humanité retrouvée. Ou alors, ce – timide – revirement est-il dû au fait que la montée de la colère populaire est devenue dangereuse pour les pouvoirs ?

Car, au cœur de l’Empire, partout où le peuple a accès à l’expression directe, c’est pour soutenir la Palestine. Dans les stades de foot, dans la rue, dans les universités, dans les festivals, les gens s’expriment toujours dans le même sens, et ce n’est pas celui du peuple des lumières. Une seule exception, étrange il est vrai, mérite d’être citée : lors du concours de chanson de l’Eurovision 2025, leur représentante – qui n’a pas été exclue contrairement au représentant russe – a bien terminé en deuxième position du classement. Ils ont tellement manipulé les votes que, en Espagne, elle est arrivée deuxième au vote du public, ce qui est très drôle en vérité.

Combien de temps peut-on faire taire les sentiments des gens, sachant qu’en face, le cynisme s’affiche avec de moins en moins de complexes ? Est-il possible de s’acharner à expliquer à toute une planète que ce que nous voyons n’est pas ce que nous voyons, sans basculer dans le chaos ? Voilà la question que pose le Guercifi cette semaine. Il attend une réponse, et merci.

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