Culture du secret et gouvernance familiale : un frein à la Bourse, selon Nadia Fettah

Dans une intervention devant la Chambre des représentants, la ministre de l'Économie a détaillé les freins à l'accès des entreprises familiales marocaines à la Bourse. Elle plaide pour des mécanismes de financement alternatifs, plus souples tout en intégrant ces entreprises dans l’économie nationale.

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Rachid Tniouni / TelQuel

Dans notre pays, comme en Allemagne, nous avons de nombreuses entreprises familiales qui préfèrent un mode de gestion particulier, et ne sont pas enclines à la transparence exigée par le marché financier. Cette culture doit être respectée », a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Lors de son intervention devant la Commission des finances à la Chambre des représentants, elle a souligné les limites culturelles qui freinent l’accès des entreprises familiales marocaines à la Bourse. Elle a notamment pointé la prévalence d’une mentalité de gestion fermée.

Selon elle, le développement du cadre juridique des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) vise à élargir les sources de financement sans imposer le modèle boursier comme unique option. « La Bourse reste une voie stratégique pour les grandes structures, mais ce n’est pas l’unique modèle de financement », a-t-elle précisé.

Faciliter l’intégration des entreprises familiales dans le tissu économique

La ministre a ajouté que l’introduction en Bourse exige des exigences élevées en matière de gouvernance, de divulgation des données financières et de présence d’administrateurs indépendants. Or, cette transformation est souvent difficile à envisager pour des sociétés encore gérées selon une logique familiale. « Ce n’est pas qu’un enjeu juridique, c’est aussi une question de culture, qui demande du temps », a-t-elle insisté.

“Le Maroc ne peut pas s’appuyer uniquement sur les prêts bancaires. Il nous faut un système hybride combinant marché financier, capital privé et épargne longue”

Nadia Fettah, ministre de l'Economie

Elle a ainsi plaidé pour des mécanismes de financement alternatifs, plus souples, adaptés à ces entreprises, afin de faciliter leur intégration dans le tissu économique national sans les contraindre à transformer leur structure interne.

En parallèle, la ministre a mis en avant la nécessité de diversifier les outils de financement. « Le Maroc ne peut pas s’appuyer uniquement sur les prêts bancaires. Il nous faut un système hybride combinant marché financier, capital privé et épargne longue », a-t-elle affirmé.

Nadia Fettah a par ailleurs rappelé les performances du secteur bancaire national, qui a permis de soutenir l’économie durant les crises de 2007-2008, et salué la résilience du système financier marocain.

Enfin, elle a signalé que les OPCVM gèrent actuellement 758 milliards de dirhams, avec une croissance attendue en 2025. Mais malgré une épargne représentant plus de 40 % du PIB, d’importantes ressources restent en dehors du marché. Le nouveau texte entend justement « encadrer ce potentiel inexploité et fournir un cadre professionnel à ceux qui ont les moyens de l’épargne sans nécessairement disposer d’une structure d’investissement complète », conclut-elle.

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