Dans notre pays, comme en Allemagne, nous avons de nombreuses entreprises familiales qui préfèrent un mode de gestion particulier, et ne sont pas enclines à la transparence exigée par le marché financier. Cette culture doit être respectée », a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Lors de son intervention devant la Commission des finances à la Chambre des représentants, elle a souligné les limites culturelles qui freinent l’accès des entreprises familiales marocaines à la Bourse. Elle a notamment pointé la prévalence d’une mentalité de gestion fermée.
Selon elle, le développement du cadre juridique des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) vise à élargir les sources de financement sans imposer le modèle boursier comme unique option. « La Bourse reste une voie stratégique pour les grandes structures, mais ce n’est pas l’unique modèle de financement », a-t-elle précisé.
Faciliter l’intégration des entreprises familiales dans le tissu économique
La ministre a ajouté que l’introduction en Bourse exige des exigences élevées en matière de gouvernance, de divulgation des données financières et de présence d’administrateurs indépendants. Or, cette transformation est souvent difficile à envisager pour des sociétés encore gérées selon une logique familiale. « Ce n’est pas qu’un enjeu juridique, c’est aussi une question de culture, qui demande du temps », a-t-elle insisté.
“Le Maroc ne peut pas s’appuyer uniquement sur les prêts bancaires. Il nous faut un système hybride combinant marché financier, capital privé et épargne longue”
Elle a ainsi plaidé pour des mécanismes de financement alternatifs, plus souples, adaptés à ces entreprises, afin de faciliter leur intégration dans le tissu économique national sans les contraindre à transformer leur structure interne.
En parallèle, la ministre a mis en avant la nécessité de diversifier les outils de financement. « Le Maroc ne peut pas s’appuyer uniquement sur les prêts bancaires. Il nous faut un système hybride combinant marché financier, capital privé et épargne longue », a-t-elle affirmé.
Nadia Fettah a par ailleurs rappelé les performances du secteur bancaire national, qui a permis de soutenir l’économie durant les crises de 2007-2008, et salué la résilience du système financier marocain.
Enfin, elle a signalé que les OPCVM gèrent actuellement 758 milliards de dirhams, avec une croissance attendue en 2025. Mais malgré une épargne représentant plus de 40 % du PIB, d’importantes ressources restent en dehors du marché. Le nouveau texte entend justement « encadrer ce potentiel inexploité et fournir un cadre professionnel à ceux qui ont les moyens de l’épargne sans nécessairement disposer d’une structure d’investissement complète », conclut-elle.