Pour le Maroc, régulièrement visé dans les discours sur les fraudes aux retraites françaises versées à l’étranger, le montant estimé de ces fraudes s’élève à 12 millions d’euros, sur un total de 0,4 milliard d’euros de pensions versées dans le pays, selon les chiffres de la Cour des comptes, publiés lundi dans son rapport 2025 sur l’application du budget de la Sécurité sociale.
En Algérie, sujet récurrent de polémiques ou d’infox, la fraude à la retraite française par non-déclaration de décès peut être estimée à « entre 40 et 80 millions d’euros », sur un total de 1,1 milliard d’euros de pensions versées.
D’une manière générale, l’Algérie est le premier pays pour le versement de retraite du régime général, hors France, rappelle la Cour des comptes dans son rapport. Viennent ensuite le Portugal (0,8 milliard d’euros), l’Espagne (0,5 milliard d’euros) et le Maroc (0,3 milliard d’euros – 0,4 milliard si l’on inclut les retraites complémentaires).
Depuis le dernier contrôle de la Cour en 2017, « des progrès ont été constatés » dans la lutte contre la fraude aux retraites dans les pays européens, grâce notamment à la généralisation des échanges de données informatisées avec les régimes de retraites locaux, note-t-elle.
Un taux de centenaires français supérieurs à l’étranger
Hors de ces pays, les régimes de retraites français prévoient d’intensifier fortement le recours aux contrôles physiques à partir de 2025, souligne-t-elle encore. « Ce développement sera confié à des partenaires locaux dont l’exécution de la mission devra être contrôlée rigoureusement », ajoute-t-elle.
“Des contrôles sur pièces renforcés depuis 2022 (Turquie, Algérie, Maroc, et prochainement Tunisie) par des agents formés à la fraude documentaire ont permis de détecter entre 2 et 5% de décès non déclarés dans les échantillons contrôlés”
Selon le rapport, « des contrôles sur pièces renforcés depuis 2022 (Turquie, Algérie, Maroc, et prochainement Tunisie) par des agents formés à la fraude documentaire ont permis de détecter entre 2 et 5% de décès non déclarés dans les échantillons contrôlés ».
La Cour des comptes revient également sur le taux de centenaires parmi les bénéficiaires de retraites à l’étranger, objet régulier d’évaluations fantaisistes destinées à démontrer l’ampleur des fraudes.
Tous pays étrangers confondus, le taux de centenaires parmi les bénéficiaires de retraite française à l’étranger est « légèrement supérieur » à celui de leurs collègues restés en France, à 0,23% (soit 2.445 personnes au total), contre 0,19%, reconnaît la Cour.
Mais elle précise qu’il ne faut pas nécessairement en déduire une fraude : « L’absence de classe creuse liée à la Première Guerre mondiale contribue à cet écart : la plupart des retraités résidant à l’étranger sont nés dans des zones où la baisse de fécondité liée à la guerre a été moins marquée », indique-t-elle.