Une quarantaine de participants de la Global March ont été stoppés à environ 45 km à l’est du Caire, « retenus en pleine chaleur avec interdiction de bouger » et passeports confisqués, où des sit-in se sont formés en signe de contestation, a indiqué le collectif dans un communiqué. Une quinzaine sont retenus dans leurs hôtels au Caire, selon la même source.
Parmi eux figurent des ressortissants français, espagnols, canadiens, turcs et britanniques.
Mouvement pacifique
« Nous sommes un mouvement pacifique et nous respectons les lois égyptiennes », souligne le texte en appelant les représentations diplomatiques à intervenir pour permettre à la marche de se poursuivre.
Selon le collectif, plusieurs groupes sont retenus aux deux premiers postes de contrôle sur la route entre Le Caire et Ismailia.
« Nous sommes déshumanisés. Ils nous ont confisqué nos passeports et nous pressent de monter dans un bus pour nous emmener à l’aéroport où nous serons expulsés », témoigne à l’AFP Nadia, militante jointe par téléphone.
Sur le territoire voisin libyen, le convoi « Soumoud » réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, a de son côté été bloqué vendredi matin à l’entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.
« La caravane a été empêchée de passer à l’entrée de la ville de Syrte », dans le centre-nord du pays, a affirmé vendredi un des organisateurs, le tunisien Wael Naouar, dans une vidéo sur Facebook.
Passera, passera pas ?
Le convoi, dont la progression vers Gaza reposait sur une autorisation des autorités égyptiennes, est resté bloqué en l’absence de feu vert du Caire, selon les organisateurs. « Jusqu’ici nous ne savons pas si nous allons passer ou non », a ajouté Naouar.
Selon lui, certains agents de sécurité affirment qu’un passage est possible « dans quelques heures », tandis que d’autres assurent que « l’Égypte refuse et donc vous ne passerez pas ». « Nous ne reviendrons pas en arrière », a-t-il assuré.
Tout en réaffirmant l’importance des pressions sur Israël pour lever le blocus du territoire palestinien, dévasté après 20 mois de guerre entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien, les autorités égyptiennes ont fait savoir mercredi que toute forme d’action pro-palestinienne organisée par des « délégations étrangères » exigeait une « autorisation préalable ».
Organisée séparément en Egypte, la Global March qui réunit quelque 4.000 manifestants d’une cinquantaine de pays selon les organisateurs comptait traverser en bus le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire pour rallier la ville d’Arish, à plus de 350 km à l’est du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.
« Nous n’avons pas enfreint la loi. Nous n’étions pas rassemblés, ni sur une zone interdite », a déclaré un participant bloqué sur la route dans une des vidéos adressées à l’AFP.
Vendredi matin, une première tentative de rassemblement sur la place Talaat al-Harb, au centre du Caire, bouclée par un important dispositif policier, a débouché sur une arrestation, a constaté l’AFP sur place.
Malgré les signaux négatifs des autorités, les militants espèrent toujours obtenir une autorisation officielle.
Des dizaines d’interpellations
Selon le collectif, des dizaines de militants de diverses nationalités ont été interpellés ces derniers jours à leur arrivée à l’aéroport ou dans leurs hôtels. Certains ont ensuite été expulsés, d’autres relâchés.
« La violence avec laquelle beaucoup de gens ont été arrêtés, déportés, menacés est une chose à laquelle on ne s’attendait pas », a déclaré jeudi soir Hichem Al Ghaoui, un des coordinateurs du collectif, sur son compte Tik tok.
« Nous sommes bien sûr au courant de ce mouvement. Nous tenons à rappeler que chacun doit respecter le droit des personnes à participer à des manifestations pacifiques », a déclaré Alessandra Vellucci, porte-parole de l’ONU.
« C’est une expression de frustration mondiale face à l’absence de solutions. (…) C’est ce sentiment qui est à l’origine de ce mouvement », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).